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13 février 2006 1 13 /02 /février /2006 19:18

« L’art est le plus court chemin d’un cœur à un autre » Alain

Le cinéma n’en finira jamais de mettre en image ce que fut le destin de millions de personnes juives menées à la mort dans les chambres à gaz. Besoin d’images, besoin de montrer la réalité de la haine pour « le faire-mémoire », et peut-être aussi pour exorciser une mauvaise conscience, comme une plaie ouverte qui continue à saigner. Sur ce plan là, Le Pianiste est un film inattaquable, au-dessus des autres et sa palme d’Or ne pouvait que s’imposer légitimement dans ce sens.


Le Pianiste raconte l’histoire d’un artiste , Szpilman, perdu dans Varsovie. Le film suit l’histoire d’un homme mais à travers lui celle du peuple juif du ghetto : il inscrit son parcours dans la condition générale faite aux juifs. Polanski a tourné la première partie du film « avec ses tripes » : les images sont très brutales, elles provoquent un réel malaise mais ne tombent jamais pour autant dans le voyeurisme au vu de la force du propos. Le réalisateur ne cherche pas à faire du spectacle. Polanski relate, à travers la vie de son personnage, sa propre expérience de ce que furent ces années tragiques du ghetto. Il retrouve même, comme l’a écrit Olivier De Bruyn ( journaliste à Positif ) dans la note rédigée au moment du festival de Cannes, les constantes de son œuvre : « Tout se passe comme si à travers l’histoire du pianiste, Polanski revenait sur ses traumatismes personnels et fondateurs et livrait la clé de tous ses meilleurs films. L’angoisse, la claustration, l’absurde, l’homme perdu dans un univers dont il ne maîtrise pas les règles…tous ces éléments hantent le Pianiste et en font une oeuvre somme ».

La claustration, un enfermement à la fois extérieur et intérieur, domine la deuxième partie du film. A cette déréliction de l’humanité s’oppose la musique. Non une musique pour « faire joli » et soutenir l’émotion du film mais la musique comme l’expression du génie humain opposée à la bestialité de la violence et de la bête immonde qu’est devenu Szpilman. Le moment le plus fort et le plus beau du film est sûrement la scène où Szpilman devenu une loque joue devant un officier allemand et constate que sa croyance en l’art est intacte. Bien plus, la musique, dans sa puissance esthétique en tant qu’art, réunit alors les deux personnages déchirés par la haine et que tout devrait opposer. La musique les fait retrouver leur dignité humaine et leur révèle leur transcendance au beau milieu d’un monde qui n’a plus aucun sens. La musique - et l’art en général à travers le propos de Polanski- les sauve, tous les deux pour des raisons différentes.
A la fin de la guerre, lorsque la radio polonaise recommence à émettre, le pianiste peut alors reprendre le nocturne de Chopin interrompu par les premiers bombardements de la guerre qui commençait au début du film. L’espoir se fraie donc un chemin fragile même si beaucoup face à l’horreur de leur condition ont dit leur refus de croire encore à l’existence de Dieu. La musique ne peut en elle-même donner une réponse entière au sens de l’existence humaine. Comment alors penser Dieu après l’holocauste ? Question que porte en fin de compte Le Pianiste, tout au long du film dans la profondeur et la force brutale de ses images.

22-11-02

 



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commentaires

M
Tres émouvant grace à une interprétation parfaite et très juste de la part des acteurs .
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A
très bon film. j'ai vraiment trouvée très interressant.
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L
Ce film est un bijou, une perle rare ces temps-ci mais réellement précieuse.
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