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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 15:36

LE DERNIER BIJOU DE MICHEL OCELOT SORT EN DVD EN AVRIL 2007

Pour redécouvrir ou découvrir la  puissance et la magie de ce conte merveilleux réalisé par le créateur de Kirikou.

Un triomphe au cinéma, plus de 1,6 millions de spectateurs.

Un conte d’une magnifique richesse visuelle et thématique.

Un réalisateur reconnu, créateur de l’emblématique Kirikou.

Un film plébiscité par les enseignants et les scolaires

(près de 500.000 entrées)

.

L'HISTOIRE

Il était une fois Azur, blond aux yeux bleus, fils du châtelain, et Asmar, brun aux yeux noirs, fils de la nourrice, qui les élevait comme des frères, dans un pays vert et fleuri.

La vie les sépare brutalement. Mais Azur n’oublie pas les compagnons de son enfance ni les histoires de fées de sa nourrice, au pays du soleil. Devenu grand, il rejoint le pays de ses rêves, à la recherche de la Fée des Djinns. Il y retrouve Asmar, lui aussi déterminé à trouver et gagner la fée, bravant tous les dangers et les sortilèges d’un univers de merveilles.

                                                                                                 

SORTIE DU DVD EN EDITION SIMPLE OU EN EDITION PRESTIGE

                                                         

CONTENU DU DVD SIMPLE Le film en V.F stéréo, D.D. 5.1 et DTS/Version française stéréo pour aveugles et malvoyants/Sous- titres pour sourds et malentendants/Le film avec les passages en arabe sous- titrés en français/Chapitrage/Portrait de Michel Ocelot (26 mn)/Karaoké/Bandes annonces

CONTENU DU COFFRET PRESTIGE (2 DVD) Deux disques comprenant le contenu de l’édition simple et les bonus exclusifs suivants : Le Livre des Secrets, la fabrication du film (26 mn)/4 scènes coupées présentées par Michel Ocelot (10 mn)/Conversation avec Michel Ocelot, par Alain Bergala (38 mn)/3 jeux Quizz interactifs/ Espace DVD- ROM comprenant un jeu de coloriage pour PC et MAC/et un niveau complet du jeu vidéo « AZUR ET ASMAR » pour PC/8 cartes postales dessinées par Michel Ocelot

                                                      

  POUR LE PLAISIR DES YEUX D'AUTRES IMAGES MAGNIFIQUES...

                                                           

                                                                                                                         

Pour poursuivre le voyage dans l'univers de Azur et Asmar

rendez-vous sur le site officiel du film http://www.azuretasmar-lefilm.com/

 

 



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22 septembre 2006 5 22 /09 /septembre /2006 09:05

Pour le plaisir de revoir en dvd ce joyaux de Tim Burton et cesser de se lamenter sur Halloween !


[15/12/2002]

« Vous êtes vous demandé d’où provenaient les fêtes ? Non… ? alors suivez-moi voici l’entrée secrète » nous dit la voix off qui ouvre le film en désignant l’arbre aux fêtes.

Tim Burton part donc en explorateur des origines de la fête populaire païenne à travers un film original, fourmillant de détails et un scénario à l’écriture foisonnante et riche signé Caroline Thompson. Le choix d’associer deux genres cinématographiques codifiés ( le film d’animation et la comédie musicale signée Dany Eflman ) donne au film une originalité et une profondeur inattendue. Burton, réalisateur à l’imaginaire extraordinaire, construit un univers très personnel où se mêlent ses thèmes favoris comme le mélange de l’horreur et de la beauté, le baroque et le roman… En utilisant l’animation destinée au monde de l’enfance, le réalisateur prend ses distances avec son sujet comme pour mieux y révéler ses interrogations voire une méditation sur la nature de la fête, et ce sans jamais tomber dans le réalisme ou le pathos qui auraient alourdi le film. Derrière le film d’animation, il y a un cinéaste passionné mais aussi tourmenté qui s’interroge sur le sens de la vie.

L’histoire : Jack « le roi des citrouilles » est le grand ordonnateur des festivités d’Halloween . Lassé, il décide de partir et découvre par hasard la ville de Noël qui rayonne de joie et de liesse. Il rentre alors avec la ferme intention de contrôler la fête de Noël et kidnappe le Père Noël. Toute la ville d’Halloween se met alors au travail pour fabriquer des cadeaux horribles pour les enfants. La nuit Jack part offrir aux enfants ses macabres présents. Noël devient un cauchemar qui sème la panique.

T. Burton présente au départ deux mondes nettement opposés, Halloween et Noël. La mise en parallèle des deux fêtes se fait d’abord à travers une évocation manichéenne du Mal contre le Bien. L’univers d’Halloween d’abord: peuplé de créatures insolites et repoussantes, il est présenté dans une dominante noir et blanc ou de jaune fade par opposition à Noël ville multicolore. Plusieurs traits de la représentation du Mal à l’écran se retrouve dans la description d’Halloween : le thème du double ( le maire aux deux visages), le thème de celui qui se prend pour Dieu ( le docteur handicapé qui veut posséder Sally ), le thème du masque et de la dissimulation ( les enfants se présentent à Jack masqués ), le thème du hasard et de l’imprévisible incarné par le fantôme Oogy Boogy avec les dés, les jeux du casino, les robots qui tirent, les lumières de night club, le serpent qui évoquent un monde inhumain et sans repères, une société moderne de consommation ; enfin des constructions en hauteur rappelant Babel ( Vous pourrez relever encore beaucoup d’autres détails en regardant attentivement ! ).

Buena Vista International

Ensuite, « Christmas Town » qui présente un tout autre visage : blancheur de la neige, mouvements horizontaux, traditions, sourires, baisers, joie, cadeaux, familles, maisons, autant d’éléments caractéristiques du bonheur qui n’évitent pas toujours une vision quelque peu conformiste de l’idéal social ( à ce titre la description d’Halloween, qui semble avoir plus intéressé le réalisateur, est beaucoup plus fouillée et imaginative ).

Au départ nettement séparés, les deux mondes progressivement se côtoient et finissent par se mélanger. Cette association donne alors au film une tournure baroque, « étrange » comme le dit son titre : nous plongeons dans un univers beaucoup plus subtil, nuancé pour découvrir un monde non plus en noir et blanc ou en couleur mais « en palette » ( les couleurs de Noêl s’immiscent progressivement dans l’univers d’Halloween ). A ce stade , Burton s’interroge sur la fête en général , dépassant l’opposition de départ évoquée dans le conflit entre bien et mal, tradition et modernité. L’homme exprime dans la fête qu’il n’est pas cet être fait d’un seul bloc, sans nuances, mais au contraire une personne complexe, avec des ambivalences : la fête dans laquelle il n’y a plus de règles, permet d’exprimer et d’exorciser tout ce qui touche profondément l’humain (l’amour, la vie , la mort, la souffrance, la beauté, le mal, etc.). L’inversion des deux univers transporte donc le film dans une dimension spirituelle. Bien sûr le questionnement du cinéaste n’est pas directement religieux mais le film laisse entrevoir une exploration de l’universel qui s’exprime dans la quête du bonheur.

Buena Vista International

Cette quête se cristallise dans le personnage de Jack dont l’itinéraire mérite ici toute notre attention. C’est lui et le personnage de Sally qui donnent la clef du film et la réponse à l’interrogation de départ posée par le cinéaste. Son cheminement intérieur représente ni plus ni moins celui d’une conversion, presque au sens religieux du terme. Au début de l’histoire, c’est un personnage qui n’est pas en accord avec lui-même. Admiré de tous pour ses talents d’organisateur d’Halloween , son chant - au passage notons que le chant dit toujours la vérité c’est-à-dire qu’il exprime toujours l’authenticité du sentiment des personnage par rapport au mode parlé - nous apprend pourtant que c’est un personnage mélancolique, torturé, malheureux, las de la vie malgré le succès, « sa vie n’est qu’un long sanglot ; il est marié avec la peur ». Ce constat intérieur va le pousser hors de la ville d’Halloween pour arriver dans la forêt , lieu du passage et de l’inconnu qui sera pour lui le début d’un réveil intérieur. C’est à travers un arbre, symbole de la vie, que le voyage vers Noël s’effectue. Détail intéressant aux yeux du chrétien, c’est le « vent » qui pousse Jack à entrer dans l’arbre. C’est alors la grande découverte , le choc pour notre héros : les gens sont heureux, « la vie a remplacé la mort », ni cauchemars ni misère, la paix règne , « mon cœur s’affole, ma vie prend un nouveau visage » chante-t-il. De retour chez lui cet électrochoc intérieur est symbolisé par la cloche qui convoque tous les habitants d’Halloween : Jack veut faire part de ses découvertes. La cloche constitue à ma connaissance le seul symbole religieux montré dans le monde d’Halloween. Nouvelle étape, Jack cherche à comprendre Noël. « Il y a sûrement une façon logique d’expliquer cette fête bizarre » confie t-il tout en analysant scientifiquement les objets de Noël . « Il y a tellement de choses qui m’échappent ; je veux comprendre ce secret ». Là encore sa réaction ne peut pas laisser indifférent : il cherche à comprendre scientifiquement une fête qui fait appel à l’amour et la foi et qui ne peut se comprendre intellectuellement. Rappelons-nous Nicodème, ce grand savant qui ne comprend pas l’invitation du Christ à renaître, à faire confiance radicalement. Eh bien notre Jack n’en est pas loin du tout ! Crispé sur ses analyses, il ne parvient pas encore à lâcher prise pour laisser son être s’exprimer, pour recevoir de l’intérieur la paix et l’amour liés à Noël.

A cette difficulté il va apporter deux réponses. La première s’avère désastreuse. En voulant remplacer Noël par Halloween, Jack devient l’ennemi public n°1 des habitants de « Christmas Town » ; au terme d’une cavalcade, son traîneau est détruit, Jack est abattu en plein vol et atterrit dans un cimetière dans les bras d’une statue représentant un ange. La scène qui suit alors constitue le retournement charnière de l’histoire ; elle est filmée avec un mouvement de caméra très fluide tournant autour du personnage. D’une part ce mouvement de caméra est unique dans le film et d’autre part il est intéressant d’observer que le mouvement entoure le personnage comme pour mieux le cerner, en tous cas pour souligner la situation centrale à ce moment du récit. Symboliquement , notre personnage se retrouve pris sous la coupe d’un ange gardien ; il ressuscite et entame une nouvelle méditation intérieure qui débute par un sentiment de culpabilité ! « Tout est ma faute. La mort m’appelle » lance t-il . Mais ce passage par la culpabilité débouche tout de suite sur un autre appel à se remettre debout. « Au fond je voulais leur faire plaisir ; de toute façon je m’en fiche , mon vieux squelette a retrouvé son âme d’enfant » Qu’ y a-t-il à rajouter ? Jack est un homme nouveau , il a vécu un retournement intérieur.

Il ouvre enfin les yeux devant celle qui l’aime depuis le début et qui a tout fait pour le protéger , Sally « la petite fille seule et décousue » qui incarne la pureté de l’amour . Dans sa chanson elle avoue très vite qu’elle aime Jack « sait-il que pour lui je donnerai ma vie ? ». Comme figure messianique, c’est le seul personnage capable d’aimer parmi tous les habitants d’Halloween.

L’univers d’Halloween a désormais changé : la neige se met à tomber et vient purifier cet univers du mal qui devient blanc immaculé, comme lavé de ses fautes. Sally et Jack chantent l’amour sur une colline derrière une lune devenue soleil. La musique se termine sur un accord final en majeur ( le seul du film ! Le reste de la partition étant en mode mineur ! ) « La lumière d’un amour éternel est vraiment la plus belle » disent les paroles de la chanson avant de laisser place à une étoile brillant dans le ciel. C’est l’étoile de la quête universelle et éternelle.

A travers la conversion exemplaire du personnage de Jack, Burton dévoile donc le sens ultime de son film. Les racines profondes de la fête viennent certes des rites qui la constituent, différents et en même temps similaires d’une fête à l’autre. Mais ce qui intéresse profondément le réalisateur c’est la dimension « sacrée » de la fête comme lieu d’expression de l’universel de l’existence humaine. A travers la fête, l’homme exprime ce qui le dépasse. Aussi le sens ne vient pas tant des rites que du cœur de l’homme et de sa foi en la vie. Le personnage de Jack en fait l’expérience puisqu’il découvre qu’au-delà du fonctionnement des fêtes, comptent avant tout l’amour qui s’y exprime, les liens qui sont tissés. Le réalisateur montre que l’audace de l’amour et du cœur bouleverse à elle seule les conventions ; à ses yeux, le vrai esprit de la fête vient de l’intérieur de l’homme, comme force de vie et d’espérance, comme volonté de lutter contre l’absurde, le mal et la souffrance. Des langues de feu qui font taire nos langues de bois lorsque « avoir l’esprit de fête » devient toute une manière de vivre.




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31 août 2006 4 31 /08 /août /2006 11:40

Rien d'intéressant au ciné cet été ? C'est l'occasion de se replonger dans sa vidéothèque ou de l'enrichir avec ce chef d'oeuvre d'Almodovar

Passions, morts et résurrections sont au cœur de ce film exceptionnel sur l’importance de la parole et la force de l’amour lorsqu’il devient don ultime de soi.

Quand Almodovar devient mystique…

Les chefs d’œuvre du cinéma dégagent une force étrange et laissent leur empreinte longtemps après, comme pour un livre. "Parle avec elle" fait partie de ces films.

En dressant le portrait de deux couples touchés par le même drame (deux hommes se rencontrent à l’hôpital alors que leurs femmes sont dans le coma) Almodovar met au centre de son film la vie, l’amour, la mort. Les deux femmes dans le coma ne parlent plus mais restent la cause de l’agitation des hommes : Almodovar, très religieusement, donne une part très belle à la femme qu’il présente forte, réaliste et porteuse de vie (à l’image de cette source qui coule au générique de fin) face à un univers masculin plus immature et incertain. Mais, dépassant comme à son habitude la distinction conventionnelle entre les sexes, le réalisateur évoque surtout l’amour gratuit, la passion pure et innocente qui peut sauver l’autre.

Même s’il présente un montage extrêmement complexe, le film fait preuve d’une grande maîtrise et s’écoule dans la fluidité. Almodovar utilise des flash-backs, des ellipses, il  renseigne juste ce qu’il faut sur ses personnages mais nous sommes complètement associés à leurs pensées et à leurs sentiments. A l’image de ce qui est raconté, le scénario mélange avec audace complexité et simplicité. Des chansons d’amour reviennent, des lambeaux de mémoire remontent à la surface, accompagnés par une musique superbe qui donne au film une puissance d’évocation très dense.


"Parler" : il en est constamment question même quand ce n’est plus possible. Parole dont sont privés les danseurs mais aussi les personnages du cinéma muet auquel il est fait allusion et même Marco l’homme qui ne parvient à exprimer sa souffrance que par les larmes et qui ne trouvera pas à temps les mots salvateurs. La parole qui blesse comme celle de l’animatrice de télévision. La parole qui caresse et qui soigne lorsque l’infirmier Benigno lave le corps inerte d’Alicia, parole qui l’entraîne aussi dans la folie parce qu’elle reste sans réponse. Parole du réalisateur lui-même qui à travers son film retrace les méandres douloureux de sa propre existence.

"Parle avec elle" détient une dimension spirituelle profonde. Pour que l’amour renaisse, pour que la vie se transmette, il faut que quelqu’un s’efface et cède sciemment sa place, sinon sa vie. C’est ce qui se passe dans la succession des couples qui se forment tout au long du film. Avec, au centre de cette succession, le personnage de Benigno (le "bien nommé"), figure messianique évidente, qui est le "catalyseur" de toutes les renaissances : c’est lui qui cherche à donner du courage à Marco, complètement démuni face au silence de Lydia ; son amour fou de la vie, sa volonté passionnelle de sauver Alicia l’entraîneront jusqu’au don de lui-même. Ce sacrifice sera porteur de vie et inaugurera un nouveau commencement. A l’image de la scène charnière du film, la séquence de l’Amant qui rétrécie reconstituée dans une scène de (faux) cinéma muet.

Cette séquence donne la clef du film : elle évoque d’abord d’une manière symbolique (rien de choquant n’est montré) le drame de la vie de Benigno (le viol, le fait qu’il est "étouffé" par la femme) mais en même temps, elle évoque la renaissance, un retour dans le sein de la mère pour une nouvelle naissance. Le film ne montre pas un minable violeur engrossant une malade sans défense mais un authentique innocent dont la parole est porteuse d’amour et de vie. Après tout, comme Almodovar le fait dire à Géraldine Chaplin dans la dernière scène évoquant une histoire en devenir : "Je suis maîtresse de ballet et rien n’est simple".


Ultime ressort de cette séquence de cinéma muet, c’est d’une référence au cinéma lui-même dont s’est servi Almodovar pour évoquer le drame et le salut d’une existence. A demi-mots, en tant que cinéaste, il cache à peine combien le cinéma dans son histoire a pu être pour lui porteur de vie et de renaissance. Plus largement il se demande peut-être dans quelle mesure le cinéma peut "sauver" une existence. Peut-être, un jour, aurons-nous l’occasion d’en "parler avec lui"...



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28 août 2006 1 28 /08 /août /2006 23:27

"La plus grande tromperie du diable c'est de faire croire qu'il n'existe pas"

Le réalisateur de Z , l'Aveu ou plus recemment du Couperet a livré avec ce film une reflexion dense sur "l'Ennemi universel" qui deshumanise l'homme dans sa recherche de la vérité.

 Un film à conserver dans sa vidéothèque...

Ceux qui ont voulu chercher un peu de scandale à l'image de cette affiche qui a fait couler beaucoup d'encre ont été déçu ! Si on le regarde objectivement, Amen ne concentre pas ses attaques sur l'Eglise mais sur toute institution humaine en général et plus encore sur l'incapacité individuelle de l'homme à regarder la réalité en face. Voilà pour la polémique passée...

Il s'agit d'une histoire stupéfiante: Kurt Gerstein, officier SS, est chargé du fonctionnement des chambres à gaz; il découvre avec horreur qu'il travaille en fait à l'extermination des juifs. Il veut faire la vérité et entame alors un combat contre le mutisme; dans ses efforts un jeune prêtre le soutient, alors que le pape Pie XII reste réservé sur la question.

Plus soucieuse du fond que de la forme (certains décors sont très criards) la réalisation n'en reste pas moins remarquable au niveau cinématographique: le cinéaste refuse l'effet pathos "à la Spielberg" comme dans la liste de Schindler. Le spectateur ne voit pas d'images de juifs exterminés dans les camps. Ce parti pris met en valeur le rythme et l'unité stylistique du film. Tout en pudeur, Amen détient une puissance d'évocation très intense à l'image de cette scène d'anthologie où Gerstein, entraîné par ses collègues SS, découvre pour la première fois par le trou d'un oeil optique l'inimaginable horreur de la crémation dans les chambres à gaz. Des regards fauves se croisent alors entre SS qui jouissent silencieusement de l'horreur telle une meute. Gros plans sur les voyeurs, gros plan efficace sur la réaction de Gerstein et tout est dit: un sentiment de profond malaise, un retour à l'animalité, des images qui évoquent le péché de l'humanité, l'Ennemi intérieur. Le Mal trouve ici un mode de représentation à l'écran particulièrement parlant.

Au-delà de l'aspect artistique, la question essentielle du film porte sur la connaissance qu'avait le pape Pie XII de l'existence des chambres à gaz. Et, même si les repères historiques restent flous, le film est d'autant plus réussi qu'il ne craint pas de montrer la complexité du problème, en évitant le manichéisme et le simplisme. Les institutions contestées (les Eglises, les Etats-Unis, le régime nazi) sont présentées de façon nuancée. En ce qui concerne l'Eglise catholique, il n'est en aucun cas fait allusion à une quelconque complicité ou connivence avec le régime nazi. Certes, selon les propos des historiens (cf. propos de René Rémond dans Paris Match n°2754 P79), il faut écarter l'idée que Pie XII ne savait pas. Il était aussi bien informé que la plupart des chefs d'état mais il serait faux de laisser croire qu'il n'a rien fait ni que l'Eglise n'a rien fait. En France, par exemple, en 1942, les évêques protestent contre les rafles avec energie et inquiètent Laval dans ses opérations. Pie XII s'est interrogé sur l'efficacité qu'auraient ses prises de position mais il croyait d'avantage à l'efficacité de la diplomatie. L'anticommunisme du Vatican a aussi certainement conditionné des attitudes politiques précises. Dans son discours de Noël en 1943, il a une phrase pour condamner les persécutions en raison des races mais à aucun moment il ne prononce le mot "juif". Il a eu l'impression d'aller à l'extrême limite de ce qu'il pouvait dire. Le diplomate avait pris le dessus sur l'homme d'action, le chef d'état. Mais pour l'Eglise comme pour le reste de l'opinion publique, ce n'est qu'en 1945 que l'on a mesuré l'ampleur des atrocités. Il nous faut un instant imaginer la difficulté pour ceux qui n'étaient pas sur place d'envisager qu'on organisait la mort dans des camps. La réalité était tout simplement incroyable au sens littéral du terme. Des hommes s'étaient mis à la place de Dieu et assouvissaient leur désir de toute puissance par l'utilisation d'une violence sans limite. Regardons autour de nous aujourd'hui les fanatismes et les désirs de puissance sans limites n'ont pas disparu de la planète, loin de là !

Mais Amen va plus loin que de dénoncer les limites et les faiblesses d'un appareil institutionnel, qu'il soit militaire, ecclesial ou politique dans le combat pour la vérité et le respect de l'être humain. Il montre qu'il y a en chaque homme cet "ennemi" qui empêche l'individu de voir les choses telles qu'elles sont: la peur, la violence, le mal qui s'empare de l'humanité pour la défigurer et la corrompre. Voilà pourquoi le film atteint une dimension univserselle. Lorsque le prêtre s'embarque dans le train des camps de la mort afin de comprendre " pourquoi Dieu laisse mourir ses enfants ici", Amen pose la question de l'existence de Dieu. Est-il possible qu'il existe un Dieu quelconque alors que des millions de personnes sont mortes de la sorte. Comment Dieu a t-il pu laisser l'humanité descendre aussi bas ? La réponse à cette question nous ne l'aurons jamais mais c'est peut être Pie XII dans le film qui s'en approche le plus lorsqu'il déclare: "Qui mieux que nous peut savoir ce que c'est qu'être père ? C'est une couronne d'épines...". Qu'on soit croyant ou pas, on est alors certain que loin de "dénoncer" l'Eglise, le film a saisi une dimension importante de la foi au sens commun du terme sans même parler de religion. Le croyant est celui qui regarde la réalité en face y compris la réalité du mal, celle de la faiblesse humaine et du doute et qui arrive à aller au-delà, à dépasser ce qui empêche son épanouisement... Cela s'appelle l'espérance !

 



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13 février 2006 1 13 /02 /février /2006 20:44

Alors que Munich sort au cinéma, la guerre des mondes est l’occasion de redécouvrir la passion de Steven Spielberg pour la science-fiction et le sacré dans le cinéma.

 

De microscopiques bactéries font l’ouverture du générique. Environ deux heures après, la guerre des mondes s’achève par un gros plan de bourgeon verdoyant sur fond d’apocalypse. Pas de doute, malgré la noirceur de son film, Spielberg croit en l’homme et en la vie. Il faut tout le franchissement du film pour l’apprécier, lutte éprouvante, sans aucune minute de répit ! A ce titre la violence du film (qui l’a vu interdire au moins de 12 ans) peut interroger mais elle est justifiée. Spielberg veut montrer que, même au cœur de la pire des situations, l’espérance est toujours possible.

Le film présente une traversée violente, tourmentée et même apocalyptique de l’humanité. (Les effets spéciaux hyper-réalistes expliquent aussi l’aspect impressionnant de l’image pour le jeune public). Les extra-terrestres envahissent la terre. Ils veulent rayer de la carte le genre humain. Le vulgaire scénario d’extra-terrestre n’est qu’un prétexte pour Spielberg dont on connaît l’attachement pour les films de science-fiction (Rencontre du 3ème type, ET, Minority report, AI etc…) : le réalisateur s’attache surtout à parler, de manière universelle, du mal et de la nature profonde de l’homme. Il existe au cœur de notre humanité un mal extérieur à nous : l’invasion des aliens, comme chez Ridley Scott, symbolise surtout celle de l’Alien c’est-à-dire de l’Etranger qui attaque la nature humaine. Les éléments se déchaînent tout au long du film, la fin du monde approche. Sous la terre, dans le ciel, par le feu et l’eau, l’homme est menacé par cette nature d’habitude bienfaitrice. Cette guerre des mondes incarne les attentats du 11 septembre (Le plan du caméscope par terre qui continue de filmer pendant l’attaque de la ville sort tout droit des images d’actualités de New York lors de l’attentat). Mais elle symbolise tout autant la peur de la fin du monde, l’omniprésence de la science, les catastrophes naturelles…Autant de fantasmes qui actuellement terrorisent les Américains. Spielberg va encore plus loin, de manière plus personnelle,  en faisant de cette destruction extraterrestre  le mythe même de la violence totalitariste et fasciste. La liste de Schindler  hante le film: Spielberg ne cesse d’exorciser l’holocauste. La guerre des mondes ne se contente pas de faire ressurgir nos peurs contemporaines par le biais du genre film de catastrophe. Il parvient en même temps à montrer le mal intérieur à l’homme. Face à des situations extrêmes, l’être humain révèle en lui la violence, l’animalité et le meurtre. La guerre fait resurgir les démons (Il faut sauver le soldat Rian). L’homme menacé devient menaçant.

Tom Cruise et Dakota Fanning. United International Pictures (UIP)

Pour mettre en image cette allégorie du mal, le réalisateur utilise une caméra aérienne, mouvante, tournoyante, utilisant de nombreux travellings comme pour mieux exprimer l’universel du propos : l’être humain est dépassé ; tout se déroule littéralement au dessus de lui, il est assailli de toutes parts par des forces qui le dépassent.  Une vision de l’homme soumis, écrasé, étouffé par le mal, exprimée par l’enfermement et claustrophobie auxquelles les personnages sont forcés. L’illustration la meilleure en est certainement la scène où le père et sa fille se sont réfugiés dans une cave avec un fou de guerre. Tout à coup une sorte de tuyau serpenté électronique surmonté d’un grand œil s’immisce dans la cave pour vérifier s’il n’y a plus de trace humaine après le désastre. Tel l’insidieux serpent  il scrute l’espace, à la recherche de sa proie. Tout est dit de manière allégorique: l’œil du serpent ne laisse pas l’homme innocent, il constitue une menace constante pour l’humanité. Pour survivre et protégé sa petite fille, le père joué par Tom Cruise devra même éliminer le troisième personnage enfermé avec eux. L’Etranger passe alors de l’extraterrestre à l’homme lui-même, le semblable. Une image du combat contre le mal, extérieur et intérieur à l’homme, comme il y en a beaucoup dans ce film.

Le réalisateur a pu donner aussi une dimension universelle à son film en le  parsemant d’images poétiques atemporelles. Des vêtements pleuvent du ciel, des cendres volent dans les airs, des corps flottent dans le courant du fleuve, un paysage de rue dévasté et nous voici dans des images d’actualité sur la guerre… A ces moments précis, comme une respiration,  le temps du récit est suspendu, le film prend des allures de mémorial.

Tom Cruise. United International Pictures (UIP)

Au sein du désastre apocalyptique, le cœur du film se situe dans le traitement que fait Spielberg de la famille (AI). L’invasion du mal se vit également à petite échelle au travers de l’histoire d’une famille éclatée, d’un père qui veut retrouver la confiance de ses enfants. Ici le metteur en scène montrera que même si l’homme est capable de la pus grande barbarie, il est aussi capable d’un amour extrême et d’un instinct de survie exemplaire. C’est ce que va vivre le papa de cette histoire joué par Tom Cruise qui va sauver de la fin des temps le foyer familial et s’avérer être un père qui fait réellement don de sa vie. Malgré une fin trop bâclée (le défaut de Spielberg ?), le message est clair : pour Spielberg l’avenir de l’humanité réside dans la famille et le perpétuel renouvellement de la vie, cycle naturel et biologique.

Voir aussi l'article sur Minority Report dans Mes Films



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